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La réponse fut A

La réponse fut A

Conférence à propos du graphisme de la lettre A inscrite sur les chaloupes du quartier maritime d’Audierne donnée à l’invitation du Musée maritime du Cap-Sizun, au théâtre Georges-Madec, à Esquibien le 27 octobre 2023.


Merci à l’équipe du Musée maritime: Jacques Paul, Jean-Luc Scoarnec, Pierre Oppici
Et au Théâtre Georges-Madec: Gérard Mével, Philippe Nadaud
Captation et mixage: Hervé Thomas Montage: Yoann De Roeck






À la fin du XIXe siècle, les ports du cap Sizun sont administrés par le Quartier maritime d’Audierne, après avoir longtemps été sous la tutelle de Quimper et brièvement sous celle de Douarnenez. L’initiale A est alors arborée par l’ensemble des bateaux domiciliés entre la Pointe du Millier et les plages de Plovan, en passant par Beuzec, Cléden, Primelin, Poulgoazec, etc. sans oublier l’île de Sein. Peu avant 1900, le quartier compte près de 4500 inscrits maritimes et une flotte d’environ 800 canots et chaloupes majoritairement armés pour la sardine, fournissant ainsi l’essentiel d’une vingtaine de conserveries, situées à Audierne pour la plupart.
Durant la dernière décennie du siècle, le A peint près de l’étrave des embarcations prend une forme surprenante: la traditionnelle capitale d’imprimerie est progressivement délaissée au profit d’une majestueuse initiale gothique, qui s’imposera bientôt comme le véritable monogramme identitaire du port d’Audierne et alentours.
Cette majuscule gothique sera mise à l’honneur dans le titre de la célèbre série d’ouvrages d’ethnographie maritime Ar Vag, sous la direction de Bernard Cadoret, à la fin des années 1970. Mais ce splendide A ne s’applique pas partout ni uniformément dans tout le quartier: Plogoff et Sein n’adopteront jamais la gothique, par exemple.
Quelles ont été les circonstances de l’apparition de ce style et en quoi diffère-t-il des marquages voisins des quartiers de Douarnenez et Camaret au Nord, ou des ports du pays Bigouden au Sud?
Cette conférence de Yoann De Roeck propose de replacer ce signe dans son époque et d’essayer d’en comprendre les fondements et la portée: les influences visuelles qui en ont permis l’émergence, les croyances qui s’y rattachent, sa propagation géographique (le quartier d’Auray en fera une interprétation très personnelle), et enfin le succès encore actuel d’une lettre devenue logotype, signe fédérateur de la population audiernaise depuis plus d’un siècle!