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Temps d’écritures

Les Origines


Ogam
L’ogham, du nom d’Ogmios, le dieu celte de l’écriture, est la première forme d’écriture connue en Irlande, en Écosse, en Cornouaille (insulaire) et au pays de Galles. Elle est apparue au IVe siècle. L’écriture oghamique est fondée sur une classification des phonèmes, éléments sonores du langage articulé (voyelles ou consonnes). Ce système d’écriture est constitué d’un ensemble de glyphes, signes gravés sur une stèle en pierre, obliques ou perpendiculaires à un axe vertical matérialisé par une arête de la stèle. La lecture se fait du bas vers le haut. Photos : oratoire de Gallarus (VIIIe s.) et pierre oghamique. comté de Kerry (Irlande).
Fotoioù : Oratouer Gallarus (VIII ved k.) ha maen ogamek. Co Kerry ; Bro Iwerzhon.



Landevennec
Au Ve siècle, l’Irlande est évangélisée et adopte progressivement l’écriture et la langue latines. L’île devient un foyer fécond de scribes copiant la semi-onciale romaine rapportée du continent par Padraig, saint Patrick. Nombreux sont les moines irlandais et bretons qui partent christianiser l’Écosse, l’Angleterre et l’Armorique : saint Colomban fonde le monastère de Iona (île à l’ouest de l’Écosse), Aidan celui de Lindisfarne (île au nord-est de l’Angleterre), quant à Ronan, il fonde son ermitage dans la forêt du Neved à Locronan et Gwennole, l’abbaye de Landevenneg (en Armorique).



Gallmau
La stèle à l’entrée du cimetière des Saints à Lanrivoaré (Bretagne) datant du VIIIe siècle atteste de cette relation avec l’Irlande sur le continent : en effet, on peut lire sur celle-ci l’inscription en onciales irlandaises : "gallmau" (serviteur de l’étranger).



Durrow, Lindisfarne & Kells
Entre le VIIe et le IXe siècle, les scribes irlandais ne se contentent pas de recopier l’onciale romaine, ils créent une écriture propre, la semi-onciale irlandaise qui intègre à l’alphabet latin des influences de l’art païen celte et anglo-saxon. Parmi les plus beaux manuscrits qui nous sont parvenus, le Book of Durrow (664-700), le Book of Lindisfarne (700) et le Book of Kells (Iona et Kells 800).



Le breton écrit depuis le VIIIe siècle
Gwennole Ar Menn : « Le breton a été écrit bien avant l’apparition de l’imprimerie, puisque le plus vieux manuscrit* connu est de la fin du VIIIe siècle, donc antérieur au plus vieil écrit français. Il s’agit d’un traité de médecine où se mêlent le latin et le breton. »
* Manuscrit de Leyde. Universiteitbibliotheek, Leiden (Pays-Bas).



Landevenneg et Redon, berceaux de l’écriture en Bretagne
Les manuscrits bretons ; IXe–XIe siècle. « L’activité des scriptoria bretons fut très importante au haut Moyen Âge. On compte près de cent manuscrits entre le IXe et le XIe siècle, parmi ceux-ci le Harkness Gospels, un évangéliaire copié à l’abbaye de Landevenneg entre 850 et 900 et conservé à la New York Public Library (États-Unis). Les cartulaires, recueils de chartes, sont un autre genre de manuscrit, ceux des abbayes de Redon et de Landevenneg, datant du XIe siècle, regroupent des textes essentiels pour la connaissance de l’histoire de la Bretagne. »



L’apparition de l’imprimerie (XVe siècle)
« L’imprimerie apparaît à Paris en 1470 et en Bretagne* en 1484. En 1485, trois ateliers fonctionnent dont celui d’une ville de Basse-Bretagne, Tréguier, où sera édité par Jehan Calvez le premier imprimé en breton. Il s’agit du Catholicon (1499) de Jehan Lagadec, dictionnaire trilingue, breton-français-latin, destiné aux étudiants.»
*à Bréhan, Robin Foucquet et Jehan Crès impriment le premier livre “Le Trépassement de Nostre Dame”.



Les impressions bretonnes antérieures à la Révolution (XVIIe siècle)
« Le nombre d’ateliers augmente. En Basse-Bretagne, l’imprimerie s’installe à Brest (1681), à Port-Louis (1694) et à Tréguier (1677). Vers 1700, ce sont 44 imprimeurs qui exercent en Bretagne, dont une douzaine en Basse-Bretagne. Mais l’augmentation du nombre des imprimeries et des imprimés inquiète le pouvoir royal qui risque de perdre le contrôle de la production imprimée. Il va donc intervenir pour limiter le nombre des imprimeurs, d’où les arrêts du Conseil d’État. Le premier, de 1704, fait passer le nombre d’imprimeurs bretons de 44 à 17 ! »



Pour aller plus loin

• Gwennole Ar Menn, Le livre en langue bretonne, in Trésors des bibliothèques de Bretagne, 1989
• Gwennole Ar Menn, L’imprimerie-librairie Blot à Quimper en 1777, in Mémoires de Bretagne, 1985
• Gwennole Ar Menn, Les catalogues des libraires bretons de 1695 à 1746, in Mémoires de Bretagne, 1985